1200 livres avec vous cet été

Uris Library Stacks (CC-By elfon)Cette mystérieuse phrase est extraite d’une publicité que j’ai lue sur Fnac.com (tiens d’ailleurs, mon AdBlock est défaillant sur ce point). Je vous cite l’intégralité de la pub (je ne copie pas l’image, vous connaissez mon profond respect pour les contenus copyrightés) :

Kobo By Fnac :
Liseuse numérique tactile et légère.
1200 livres avec vous cet été !
99,999999999999999 € (au lieu de 129,9999999999999 €)

J’exagère juste sur le nombre de décimales (mais ils me font toujours rire avec leurs conneries de prix psychologiques). Le « by » me fait bien rire aussi, surtout venant d’une société français (mais « par » ou « de », c’est so outdated quoi). Mais bon. Si j’devais faire un article sur les anglicismes à la con, on y serait encore demain (et je suis sûr que d’autres l’ont déjà fait avec brio).

Revenons-donc à mon titre : 1200 livres. Rien que ça. Passons sur le pognon à dépenser pour acheter 1200 livres électroniques (pardon, pour acheter 1200 licences exclusives de lecture selon les conditions écrites en petit en bas). Il y a des livres gratuits, après tout.

Mais 1200 ? Non, sérieusement. Vous avez besoin d’avoir 1200 livres ? Dans votre bibliothèque, d’accord, mais « cet été » ?

J’ai toujours trouvé ça fascinant. Une société où on lit de moins en moins, où la popularité de la littérature se casse tellement la gueule que la crise du disque, à côté, c’est une blague… Et en même temps, on voudrait nous faire croire qu’il est indispensable de se trimbaler une bibliothèque virtuelle avec soi ?

Wouhou, j’ai pas lu un bouquin depuis la sixième mais j’en ai 200 sur mon Kindle ! Yoopy ya !

C’est ça l’idée ? En même temps, s’il suffit de sortir des petits joujoux technologiques dans le vent pour réconcilier le public avec la lecture, pourquoi pas… Je suis sceptique.

Mais c’est un des grands arguments en faveur des liseuses : ça pèse moins lourd et ça prend moins de place. Bah oui, essaie un peu de mettre 15 livres dans ton sac, neuneu. Avec une liseuse, hop ! T’as tout et ça pèse le poids d’un seul livre !

C’est possible… Si vous avez besoin de vous trimbaler 15 bouquins à la fois (notez que je suis de plus en plus gentil, j’suis passé de 1200 à 200 et maintenant à 15). Personnellement quand je pars en vacances, c’est rarement plus de 2 semaines d’affilé, et en 2 semaines je ne pense pas lire plus de 2 bouquins (bon je ne suis pas un gros lecteur non plus, je vous l’accorde volontiers). Et 2 livres dans un sac… Si en plus vous prenez des poches (et vous devriez), le gain est quand même faible.

Enfin voilà, c’était un court article inspiré par cette petite pub de la Fnac… J’espère que le livre papier ne disparaîtra pas de sitôt, quand même. Parce que je ne suis vraiment pas prêt à troquer mes poches à 8€ avec une jolie couverture, des pages qui sentent bon le neuf, qui peuvent tomber par terre, trainer au soleil ou sur la plage pendant des heures et être encore lisibles et en état dans 20 ans… Pour un machin à 100€ (et des bouquins au même prix que les versions papier) qui doit être alimenté, probablement fragile (avec obsolescence programmée, bien sûr) et qui transforme l’achat de livre en achat de licence pour une information électronique aussi volatile que la mémoire de Jacques Chirac…

Sur ces belles paroles, je retourne lire l’Enfant du Temps d’Asimov / Silverberg, en attendant de recevoir Cause commune et Du bon usage de la piraterie que j’ai commandés il y a peu… Tout ça en papier, bien sûr 🙂

EDIT : une petite image qui résume bien ma pensée 🙂

Crédit photo : Uris Library Stacks (CC-By elfon)

6 réflexions au sujet de “1200 livres avec vous cet été”

  1. Je suis assez d’accord avec toi sur le coté ridicule de l’argument 1200 livres pour l’été mais en même temps je pense qu’il y a un usage à coté duquel tu es passé.

    L’avantage d’une liseuse n’est pas de pouvoir embarquer 15 livres mais de pouvoir les emmener tout le temps. C’est plus dans ce sens là qu’il faut le prendre. Tu peux avoir tes livres (c’est à dire tout ceux que tu souhaites) avec toit tout le temps et les dégainer quand tu en as envie. Même dans un moment où ça n’était pas forcément prévu.

    Certes il y a aussi une course à celui qui a la plus grosse destiné à impressionner le consommateur dans le discours marketing mais ça ne résume pas forcément tout les usages possible.

    C’est un peu comme l’arrivé de l’ADSL ce qui a vraiment provoquer un changement dan l’utilisation d’internet c’est la disponibilité permanente de la connexion plus que les débits ; dans un premier du moins.

  2. La pub est peut-être drôle, mais pour moi, le livre électronique à quand-même un intérêt, complémentaire au livre papier (même si j’espère qu’il ne le remplacera pas).
    Je n’ai pas encore de liseuse, mais j’envisage de plus en plus d’en acheter une (hackable bien entendu, comme la Sony PRS-T1 sous Android). L’idée étant de l’utiliser pour lire des livres (ou des polys de cours, typiquement le PDF de 100 pages) que je lis sur un PC ou un téléphone, avec un « écran » moins fatiguant.
    Par exemple, je me suis mis à lire des livres libres ou tombés dans le domaine public, que je n’aurai jamais achetés de toute manière. Bon, j’avoue, j’ai déjà lu des livres piratés sur mon PC aussi. Là encore, vu mon budget d’étudiant, l’achat n’est pas envisageable.

    L’argument de lordphoenix est vrai aussi : j’ai déjà voulu plusieurs fois lire un passage dans un livre alors qu’il était chez mes parents et moi dans ma chambre d’étudiant : dans ce cas, pouvoir récupérer le fichier par internet et le mettre dans une liseuse (en complément de l’objet physique j’entends) marche aussi.
    Le côté « lire un livre n’importe où » je suis plus sceptique par contre. On peut mettre un livre de poche dans n’importe quel sac et le sortir dans le train/bus/métro/whatever. Au lycée, j’en avais presque toujours un sur moi.

  3. Même pas une référence à l’exploit qu’est la perte de 1200 bouquins d’un coup ? « Merde alors, j’ai oublié ma bibliothèque dans le tiroir de l’hôtel… >_<"

    Ceci dit, Kankan à raison à propos des livres à lire sur un PC. J'ai beaucoup de mal à lire un PDF sur mon ordi, alors j'en suis souvent réduit à les imprimer. Mais quand il s'agit d'un PDF de 100 pages couleurs, ça devient difficile…

    Je pensait justement à ce que donnerait le GKND sur liseuse. Ça serait certainement plus sympa à lire que des PF de 50 pages (la version imprimée étant le summum, bien entendu). En fait, s'il n'y avait pas ces satanés DRM et compagnies (le "s" est voulu), et cette manie de vouloir tout fermer, les liseuses pourraient être un grand atout pour le livre libre. Plus besoin d'investir des fortunes dans l'imprimerie, voire de passer par des grosses maisons d'éditions : le fichier pourrait être téléchargé gratuitement et sans frais.

    On pourrait enfin avoir un livre aussi libre qu'un logiciel. Ça ne plairait pas aux grosses boîtes, bien entendu, mais est-ce que leurs DRM nous plaisent, à nous ?

    N'empêche que les liseuses qui remplacent totalement les livres, ça reste mon cauchemar. Et pas besoin de citer mes raisons, puisqu'elles sont toutes reprises plus haut. Ah,si ! Il reste le fait que je préfère avoir une bibliothèque bien remplie qu'une simple liseuse sur mon étagère. Mais je pense que c'est le cas pour beaucoup de monde.

  4. Personnellement j’étais aussi plutôt contre l’idée d’utiliser une liseuse, pasque c’est pas du papier qu’on peu toucher, qu’on peut pas tourner les pages en vrai, etc…
    Et puis j’ai essayé…
    Et puis j’ai adopté…

    Maintenant hormis quelques livres que je tiens à posséder en version papier (bah oui, utiliser une liseuse n’empêche pas de continuer à aimer le papier), j’ai tout sur ma petite liseuse, c’est franchement pratique. A condition de savoir bien sur ou trouver les livres pour ne pas se faire entuber par les éditeurs (oui, je sais, le piratage c’est mal…mais vendre plus cher un fichier epub qu’une version papier, faut pas s’étonner que les gens préfère la version gratos)

    Bon, à vrai dire c’est surtout ça l’argument : je lisais moins parce que n’ayant pas les moyens d’acheter tout, j’hésitais pendant des heures avant d’acheter le moindre bouquin de peur de regretter mon choix.

    Là au moins je n’hésite plus. Faut juste faire gaffe à ne pas tomber dans une logique de remplissage, le coup des 1200 livres est un bon exemple.

    Enfin bref, je pense que l’on critique beaucoup le livre éléctronique alors qu’il suffirait de lui donner sa chance : plutôt que de rejeter direct, essayez le temps de quelques livres…

    (sinon je trouve qu’il faudrait filer ce genre de liseuses à toutes les personnes agées ou ayant des problèmes de vue, parce que le choix de la taille et de la police d’écriture c’est magique niveau confort de lecture)

  5. De même que le prix de la place de ciné ou du DVD est un argument massue pour le piratage, le prix du livre papier est rédhibitoire quand on a peu de sous. Pour ce qui est de la liseuse, j’ai franchi le cap le jour où j’ai trouvé par le plus grand des hasards 3000 bouquins en epub sans DRM librement téléchargeables. À 8 euros en moyenne le livre, ça restait bien plus intéressant de mettre 100 € dans une liseuse. Et ça me permet de lire des livres que je n’aurais jamais achetés, ne voulant pas risquer de gâcher mon argent dans une lecture décevante. Ça ne m’empêche pas de continuer à acheter des livres par ailleurs, dans mes « valeurs sûres », genre Bordage.

    Faut-il à terme absolument maintenir le livre papier ? Je n’en suis pas convaincu. J’adore les livres papiers, j’en ai une pleine bibliothèque. Mais chaque fois qu’un de mes chatons profite d’un moment de mienne inattention pour bouffer les coins de la couverture, je l’ai vraiment mauvaise. Alors que si un crash de mon DDE détruit un de mes livres électroniques, je n’ai qu’à récupérer ma copie de sauvegarde et tout va bien.

  6. Personnellement, je vois bien l’intérêt d’avoir plein de livre avec soi dans un format compact qui supporte une fonction de recherche et même de liens rapides. En effet, pour les parties de jdr, notamment GURPS mais aussi Pathfinder ou autre, le poids des bouquins fait partie des aspects chiant. Avoir un pc nuit aussi à l’immersion (tendance à faire autre chose en même temps).

    Ensuite, je rejoins les arguments précédents (toute ta biblio avec toi, lecture des cours (+ abstract), livres dans le domaine public réellement disponibles, pouvoir lire pendant un temps mort imprévu, etc.)

    J’ajouterais également la possibilité de changer la taille des caractères. Ma mère ne lisait plus beaucoup car sa vue s’est pas mal dégradée et que ça la fatiguait et qu’elle ne supporte pas de lire sur un écran. À présent, elle peut augmenter la taille des caractères sans devoir acheter un livre 3 fois plus cher.

    Pour finir, je fais pas de pub mais un constructeur « français » de liseuses utilise des logiciels libres comme base et à publié les codes sources. C’est assez sommaire pour l’instant, j’ai posé la question de savoir si la publication avait vocation a créer une communauté pour l’amélioration ou n’était qu’une obligation légale (pas encore de réponse). De plus, elle lit les fichiers sans DRM (avec aussi…) et est un support UMS (comme une clé usb, pas besoin d’un ituneslike).

    Dernière petite chose, il faut vraiment ne pas confondre liseuse et tablette car leurs objectifs et atouts n’ont vraiment rien à voir. (d’ailleurs à quoi sert une tablette ?)

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